Un joueur qui relance préflop est souvent crédité d’une belle main. Donc même s’il manque le flop, il peut continuer à miser et à manifester de la force. Si son adversaire n’a pas été aidé, il passera et le coup sera gagné. Cette manière de jouer se nomme le Continuation-Bet (C-bet), et elle s’appuie sur une mathématique élémentaire du poker. Un joueur n’améliorera son jeu au flop (une paire au moins) que dans 32% des cas. Cela signifie que dans 68% des cas, il ne trouvera rien !
Le C-bet poursuit dès lors 3 objectifs :
- Faire grossir le pot quand vous avez une bonne main.
- Protéger votre main et faire payer les tirages adverses.
- Remporter le pot immédiatement quand vous n’avez rien touché.
Réussir un C-bet
Un C-bet est d’autant plus facilité que vous réunissez les conditions suivantes :
- Avoir relancé préflop. Idéalement en étant le seul relanceur ou, à défaut le dernier relanceur.
- Avoir peu d’adversaire dans le coup. Plus il y a de joueurs, plus il y a de chance que l’un d’eux ait amélioré son jeu.
- Avoir la position. Si vous parlez au flop, après que votre adversaire ait checké, vos chances de gagner le pot grimpe de 20%.
- Analyser la nature du flop. Certains sont très propices au C-bet. Ceux ne présentant pas de tirages couleur, peu de connectivité et ayant une carte haute, ou ceux contenant une paire. A l’inverse, les flops fortement connectés ou très arides sont beaucoup plus délicats à négocier.
- Analyser le profil de votre adversaire. Et notamment sa propension à vous payer, soit parce qu’il débute et qu’il est un optimiste invétéré, soit parce qu’il est malin, qu’il connaît le C-bet et veut voir comment vous allez agir au turn.
- Jouer avec son image à la table. Une image de joueur serré donne de la valeur à vos C-bet et vous permet de passer davantage de bluffs. A l’inverse une image de joueur large et agressif vous permet de faire payer vos belles mains.
Comment miser ?
Il n’existe pas de réponse toute faite mais il semble que le bon montant soit d’environ la moitié du pot. Ce qui signifie qu’il vous suffit de remporter le pot une fois sur trois pour être à l’équilibre. Au-dessus de ce montant, chaque jeton supplémentaire n’augmente que très peu vos chances de succès au regard du risque supplémentaire que vous prenez.
Attention. Vérifiez que vous et votre adversaire ayez suffisamment de jetons. Car si l’un d’entre vous est trop engagé dans le coup pour pouvoir passer (« Pot committed »), le C-bet n’a plus de sens.
Comment jouer au turn ?
Mauvaise nouvelle. Votre adversaire à suivi votre mise au flop, et le turn ne vous aide pas. La plupart du temps vous devrez checker, car il y a maintenant fort à parier que votre adversaire ait quelque chose.
Si le flop faisait apparaitre des tirages que le turn n’améliore pas, il peut être intéressant cependant de miser. Si votre adversaire était sur ce tirage, sa probabilité de le toucher vient de chuter de moitié, et il hésitera à engager plus d’argent.
Gare aux contre-attaques !
Le C-bet s’avère une opération très rentable sur le long terme. Mais un joueur agressif ou expérimenté repèrera votre manège et utilisera contre vous deux formes d’attaques redoutables :
- Il vous relance (ou fait un check-raise si vous aviez la position). La plupart du temps il vous faudra abandonner. Souvenez-vous que vous ne souhaitez pas gagner à chaque fois (une fois sur 2 suffit à votre équilibre). Avec une main qui offre de bonnes perspectives d’améliorations, vous pouvez résister, tout en étant conscient que vous vous engagez dans un coup qui peut s’avérer très onéreux.
- Il paye au flop et attaque au turn. En payant au flop, il vous pousse à checker au turn pour mieux vous agresser. Cette technique s’appelle « le floating ». L’espoir a changé de camp et vous commencez à imaginer qu’il a une très belle main. Là encore vous serez tenté de quitter le coup, mais prenez quand même le temps d’analyser deux choses : le profil de votre adversaire et cette carte qui arrive au turn. Peut-elle vraiment l’avoir aidé ?
Rester imprévisible
Pour optimiser vos C-bet, voici enfin trois astuces pour être moins lisible :
- Varier le montant de vos mises (de 30% à 70% du pot)
- Varier la vitesse de votre mise. Comme le C-bet ne nécessite pas une longue analyse, vous pourriez être tenté de miser rapidement, presque automatiquement. Prenez le temps de la réflexion.
- Varier le moment de votre mise. Vous pouvez ainsi de temps en temps checker au flop et agresser au turn. Ce « Delayed C-bet » est particulièrement efficace si le tableau est dangereux, car il sera difficile de penser que vous n’avez rien.
A vous de jouer, et de commentez vos expériences sur le forum (Poker GT Académie)